Mickaël
Paludier à Guérande
Paludier dans les marais : un job saisonnier devenu une passion
"J’aime le côté pas tout à fait scientifique du métier, presque empirique, où l’on expérimente des techniques."
Le marais, un matin d’avril, marque par sa douceur et sa puissance. Les salines et les œillets se dessinent peu à peu dans la lumière si particulière d’un petit matin de printemps. La nature se réveille doucement, et les paludiers, matinaux, attendent autour de la salorge.
Originaire de la région, Mickaël, 42 ans, est paludier à Guérande depuis 2016 et adhérent de la coopérative depuis son installation.
Paludier dans les marais : un job saisonnier devenu une passion
La découverte de l’univers du marais
Comment as-tu découvert le métier de paludier ?
“Originaire de la région, je suis arrivée dans le marais de Guérande en tant que saisonnier. Je revenais au marais régulièrement lors de mes études pour travailler lors de saisons mais aussi à l’occasion de périodes de chômage.
Après des études d’éducateur spécialisé, je me suis rendu compte que le métier ne convenait finalement pas à la vision que j’avais de la profession. J’ai alors commencé à réfléchir à un secteur dans lequel je m’épanouirai réellement.
Le métier de paludier est ainsi apparu comme une évidence, et j’ai décidé de me reconvertir. Je me suis renseigné sur les réalités du métier, car je ne connaissais que la partie saisonnière, je suis venu voir le travail le reste de l’année, et je me suis lancé.”
Le métier de paludier, comme une évidence
Quels sont les aspects qui te plaisent le plus dans ton métier ?
“Le cadre des marais est incroyable. La liberté est l’un de ses principaux avantages. Être mon propre patron, ne pas avoir d’employés… C’est une liberté très précieuse qui existe dans peu de professions. J’aime aussi le côté pas tout à fait scientifique du métier, presque empirique, où l’on expérimente des techniques, et chaque année, on s’adapte aux réactions et aux conditions pour en tenter de nouvelles.
Le métier de paludier a aussi un côté surprenant dans quelque chose qui est pourtant immuable dans un univers séculaire : un côté tradition et un côté expérimentation. Chaque année, les paludiers répètent les mêmes gestes, et pourtant chaque année est différente, car seule la météo décidera de ce dont sera fait le lendemain.
Même si j’étais déjà un grand amoureux de la nature depuis petit, mon métier de paludier m’a aidé à davantage prendre conscience de la fragilité du milieu, où j’ai réellement observé à quel point elle se dégrade vite. Je peux maintenant réellement participer à sa préservation.”
Le métier de paludier : un savoir-faire mêlant passion et tradition
Un métier guidé par les conditions météorologiques
Comment s’organise l’année de travail d’un paludier ?
“Dans le marais, l’été est la période la plus importante comme c’est la période de production de sel. La préparation du marais, qui s’écoule de mi-janvier à mi-novembre, est alors très importante pour arriver à une bonne production de sel l’été. En plein coeur de l’hiver, le marais est noyé et recouvert d’eau pour le protéger de l’érosion.
Au printemps commence le travail de remise en état des salines. Les paludiers s’affairent à nettoyer les pièces d’eau et entretenir les ponts d’argile qui s’érodent chaque année à cause du vent et de la pluie.
Du printemps à l’été, la météo et l’évaporation s’accélèrent et obligent à travailler de plus en plus jusqu’à la récolte de sel, au début de l’été. Chaque saline est unique et demande un rythme différent.”
L’importance du travail collectif
Quelle place prend le collectif dans un métier imposant un quotidien majoritairement solitaire ?
“Le collectif et l’entraide tiennent une place très importante dans le métier de paludier.
Nous sommes environ 130 paludiers dans la coopérative mais c’est un métier très solitaire au quotidien.
Les équipes de chaussage sont donc très importantes dans le travail du paludier, tant pour le côté social que pour le côté pratique : nous nous réunissons en équipe avec d’autres paludiers pour faire de gros travaux que l’on ne pourrait pas faire seuls, en particulier lors des périodes d’entretien du marais avant l’été.
En règle générale, un paludier entre dans une équipe par le biais de son maître de stage, c’est ainsi que les équipes se perpétuent. Le travail avec des saisonniers est également très important lors des périodes de récolte l’été, pour porter le gros sel et le ramener sur la plateforme de stockage, mais aussi pour cueillir la fleur de sel. La cueillette et le tri de la fleur de sel demandent énormément de temps et il est impossible de le faire seul. Certains paludiers en font une partie, d’autres délèguent complètement aux saisonniers.
Depuis mon installation, je délègue le travail de récolte aux saisonniers pour pouvoir me concentrer et faire au mieux les tâches que je me suis gardées comme le ramassage du gros sel. Cette répartition pourra évoluer et c’est aussi ce que j’aime dans mon métier, rien n’est jamais figé.”
Pour finir...
Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut devenir paludier ?
“Le métier de paludier nécessite une vraie présence sur place. J’aime donc dire aux jeunes de d’abord profiter de leur jeunesse pour voyager. Et si au retour vous souhaitez toujours devenir paludier, foncez !”
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