Photo Aude Paludière à Mesquer - Le Guérandais
Retour aux paludiers

Aude

Paludière à Mesquer

L'âme d'une paludière depuis l'enfance

'"J'ai toujours été baignée dans l’univers du marais salant. Quand j’étais enfant, il faisait partie de mon quotidien."

Le marais, un matin d’avril, marque par sa douceur et sa puissance. Les salines et les œillets se dessinent peu à peu dans la lumière si particulière d’un petit matin de printemps. La nature se réveille doucement, et les paludiers, matinaux, attendent autour de la salorge. Aude Courtel, 50 ans, est paludière sur la commune de Mesquer depuis 20 ans. Son père, Alain Courtel, paludier également, fait partie de ceux qui ont fondé de la coopérative.

Du banc des grandes écoles aux salines 
de Mesquer 

Baignée dans le marais depuis petite  

Quels sont tes premiers souvenirs du métier de paludier ?  

“Mon père, paludier, était très engagé dans le marais et sa préservation, c’est ainsi qu’il a contribué à la création de la coopérative. J’ai toujours été baignée dans l’univers du marais salant. Quand j’étais enfant, il faisait partie de mon quotidien.”  

Le retour aux sources dans les salines de son enfance

Comment le métier de paludier s’est-il finalement présenté à toi ?  

“J’ai choisi de m’orienter vers un autre secteur en me lançant dans de longues études pour devenir chargée de communication. Après quelques années, l’univers du marais me manquait et, à 30 ans, je suis finalement revenue dans le marais, pour le plus grand plaisir de mon père. 

Étant quelqu’un de très actif, j’aime le côté physique du métier de paludier. J’aime également son côté très humain et tourné vers l’entraide : un métier solitaire mais solidaire. 

Je m’épanouis dans le fait de travailler en accord avec la nature, au rythme des saisons dans des valeurs environnementales, de biodiversité et de reconquête du territoire qui furent longtemps le cheval de bataille de mon père et de la génération au-dessus. De travailler dans des conditions qui font de mon quotidien une fantastique aventure de tous les jours.”

Une femme paludière dans un univers encore très masculin

Paludier : un univers exigeant et physique

Peut-on aujourd’hui considérer que le métier de paludier est un métier mixte ? 

“Il y a 30 ans, les outils étaient plus lourds, la plupart étaient faits de châtaignier. Au fur et à mesure des années, les outils se sont améliorés. Les paludiers utilisent maintenant du carbone très léger.  
De tout temps, les femmes ont travaillé les marais, elles poussaient les brouettes et faisaient de la fleur de sel mais étaient moins reconnues. 
Et il y a quelque temps, la profession s’est féminisée. 

Quand je suis arrivée sur le bassin du Mès, il y avait très peu de femmes. Aujourd’hui, nous sommes presque à la parité. Ayant eu trois enfants tout en étant paludière, je me suis toujours débrouillée pour commencer l’habillage plus tôt dans l’année pour faire de plus petites journées, et ainsi avoir mes week-ends et mes mercredis. À présent, ils sont beaucoup plus grands et ont moins besoin de moi. 

Le métier de paludier est un métier sportif, mais la fatigue physique est moins redoutable que la fatigue nerveuse à l’heure des burn-out. Physiquement, il faut faire attention, et continuer à faire du sport en hiver pour compenser les périodes plus calmes. C’est finalement un métier plus sportif et physique que pénible.”  

Un métier solitaire mais solidaire 

Quelle place prennent les valeurs de partage et de transmission dans le métier de paludier ? 

“J’ai un rapport très familial avec la transmission. Mon exploitation n’étant pas très importante, je m’accompagne de 3 ou 4 saisonniers par saison de récolte. J’ai la chance d’avoir eu trois garçons, le premier venait d’abord travailler avec ses copains, ils ne quittaient jamais la saline et dormaient même parfois dans la cabane. Le deuxième et le troisième ont ensuite pris le relais. Au niveau de la main-d’œuvre, j’ai toujours fonctionné avec du local : mes enfants et leurs amis. 

Quand j’ai commencé en tant que paludière, j’avais peur d’être dans un microcosme. Je me suis alors engagée dans la coopérative en tant que secrétaire du conseil d’administration. J’ai donc la chance de connaître beaucoup de paludiers. Le travail collectif et l’entraide sont très importants dans notre métier. 

Pendant 15 ans, j’ai aussi été très active à Univer-Sel : une association de professionnels du sel qui aide les producteurs du Sud, notamment de la côte de l’ouest de l’Afrique. Je faisais de l’éducation développement et ai beaucoup travaillé avec les écoles pour parler de l’association.”  

Pour finir...

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui aimerait devenir paludier ? 

“Préparez bien votre arrivée. Observez, faites-vous introduire dans une équipe, visitez le marais en hiver… Et si vous devez être paludier, vous le deviendrez.”  

 

Nature
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